En collaboration avec la Ville de Louviers (organisateur de l’événement), la résidence d’artistes Villa Calderón et l’école de musique, l’association artistique pluridisciplinaire les Plastiqueurs a organisé et mis en scène l’événement "Inauguration de la nouvelle école de musique Maurice Duruflé" le vendredi 19 Octobre 2012.

 

Cet événement était constitué de trois déambulations évoluant dans différentes rues de Louviers, marquées chacune d’un style musical différent : classique, jazz et musique actuelle. Un superbe final pyrotechnique (sur le morceau "In C", de Terry Riley) clôturait ce moment de fête à la nouvelle école de musique.

 

Ce projet fut celui de tous les lovériens : en lien avec l’événement, un projet d’actions culturelles avait été mis en place dès le mois d’avril par la résidence d’artistes Villa Calderón (ateliers de construction de chars et de création de costumes) avec les habitants de la ville et animé par l’association Les Plastiqueurs. Au total, ce sont une quarantaine de bénévoles qui ont œuvré à la mise en scène de l’événement, 40 danseurs (du lycée des Fontenelles) et 127 musiciens de l’école de Musique Maurice Duruflé qui ont enchanté un public venu nombreux malgré la pluie (plus de 1000 personnes) !

 

L’association Les Plastiqueurs/GIMU a été créée en 1997 à l’initiative d’un groupe d’artistes et techniciens du spectacle. L’idée fondatrice est de faire descendre l’art dans la Rue, un art accessible au plus grand nombre. À la frontière entre les arts plastiques et les arts de la Rue, les membres de l’association mènent une recherche artistique pluridisciplinaire (théâtre de rue, théâtre d’objets, arts plastiques, vidéo, installations in situ, etc.). Il résulte de cette recherche autant d’outils pertinents pour l’élaboration de projets sur l’espace public sous forme d’installations éphémères, de parades de rue, de scénographie, aussi bien dans le cadre de créations artistiques que de projets d’action culturelle.

 

Au-delà du projet artistique qui nous a enchantés, il faut souligner combien la démarche créative proposée par les Plastiqueurs fut adaptée aux objectifs alloués à la Villa Calderón. Rappelons que ce lieu, consacré tant à l’expérimentation artistique qu’aux échanges (entre publics, artistes, scolaires, associations…), recoupe des objectifs communs à différents projets sociaux du territoire loverien, notamment en matière d’intégration sociale, de lutte contre l’isolement et d’occupation du temps libre. L’accès à la culture, envisagé comme un support permettant de valoriser la créativité et le potentiel de chacun, permet alors de façon plus large de repenser et de reconstruire un lien parfois fragilisé aux différents acteurs de la ville.

 

L’émulation créée autour de ce projet a été source de motivation auprès de nombreux bénévoles et acteurs locaux. Aussi, le projet d’inauguration de l’école de Musique Maurice Duruflé, en faisant intervenir les Plastiqueurs, a-t-il permis de fédérer dans un même lieu différentes institutions (CCAS, service médiation, école de musique, etc.), différents acteurs (animateurs sociaux, enseignants, artistes) et différentes pratiques artistiques (musique et arts plastiques). Grâce aux artistes et en complément à l’offre culturelle existante sur le territoire loverien, la résidence d’artistes Villa Calderón a ainsi permis d’impliquer des citoyens qui n’étaient jusqu’alors pas nécessairement sensibilisés à l’activité culturelle de leur ville.

 

Pour finir, et perpétuer cette réflexion, ces quelques mots défendus dans une tribune intitulée « La culture, bien de très haute nécessité » par Nicolas Roméas et Valérie de Saint-Do, et qui reflète assez subtilement le sentiment de plusieurs acteurs, notamment sociaux, impliqués dans le projet : "Comment favoriser la circulation du sensible et du symbolique ? En prenant soin, partout, des jeunes pousses, en acceptant la mauvaise herbe, en refusant l’excellence surannée qui paralyse, comme la démagogie consumériste qui transforme l’art en produit. Il ne s’agit pas seulement, suivant la formule de Malraux, de "rendre accessibles les plus grandes œuvres au plus grand nombre", mais de reconnaître en chacun l’auteur potentiel. Ce n’est pas - seulement - une question de moyens, mais de partage des richesses, d’abolition des privilèges. Et de volonté politique. Nous revendiquons l’art et la culture comme outils d’intelligibilité du monde et d’invention du futur, armes de l’imaginaire face à la tyrannie d’une réalité qui ne souffrirait aucune alternative."

 

(Libération, 24 février 2012)