Quentin MOCQUARD
Sa démarche
Dans sa démarche artistique, Quentin Mocquard cherche à réinventer les dynamiques permettant de renforcer l’intervention et la participation du design graphique dans l’espace public. Son objectif : sensibiliser et faire connaître au tout public sa démarche artistique, celle du design graphisme. Quentin est un artiste généreux qui désire échanger et se nourrir des rencontres qu’il fait au quotidien, dans des lieux aussi divers que variés. C’est dans ces échanges récurrents qu’il trouve matière à sa création, aussi sa venue à louviers s’est-elle traduite par une multitude de rencontres.
« J'ai passé un diplôme sur la typographie et le réinvestissement de l'espace publique comme lieu de partage.
Le graphisme est un moyen de réunir les gens et leur offrir la possibilité de débattre autour d’une œuvre choisie. Chacun a sa manière de regarder ou d’interpréter une scène. Le graphisme permet de transmettre une émotion et de communiquer aussi un message ».
« Ces espaces d’échange et de partage sont des formes à la fois individuelles mais surtout collectives favorisant l’imaginaire. Je prends parts un graphisme de partage, un espace de discussion, un créateur de lien social.
Le graphiste est une sorte d’échange-man et doit avoir la capacité de pouvoir échanger et de surtout faire échanger. Il est le passeur entre le graphisme moderne et le public pour lui donner envie ».
« Chacun a son univers et il est intéressant de pouvoir les mixer, les mêler à l’autre, les développer, les exposer.
L'eau est une ressource naturelle qui devient rare et dont nous devons nous préoccuper. D'un point de vue environnemental, il s'agit d'un sujet très actuel, qui m'intéresse, dont j'ai pleinement conscience. J'envisage une installation ou un dispositif contemporain sur la thématique de l'eau, en relation avec le monde de la typographie que je connais bien. Travail entre lumière et eau, des panneaux au cœur de la ville, distribuant des messages autour de cette thématique. J'ai besoin d'allé à la rencontre des gens de Louviers, un travail de recherche sur labile et pourquoi pas un travail ou un laboratoire expérimental avec ses habitants. Ses installations seront des endroits de discussions ».
Sa résidence à Louviers
D’Octobre à Décembre, Quentin Mocquard a proposé des ateliers de design graphique avec différents publics volontaires (une quinzaine de personnes). Ces espaces d’échange et de partage ont abouti à des formes artistiques individuelles mais aussi et surtout collectives faisant appel à l’imaginaire et l’univers poétique de chacun. Ici le graphisme devenait prétexte à regarder ou interpréter une scène, un paysage, ou bien encore le quotidien afin d’en transmettre une émotion et communiquer un message.
« Le rôle d'une résidence est avant tout de faire partager et de découvrir un environnement. J'ai choisi de travailler avec les personnes de la médiation et de la maison relais autour d'une pratique : l'affiche. J'essaie de mettre en scène mon quotidien lovérien à travers des affiches et je demande le même travail aux personnes qui suivent mon atelier.
Le projet s'est construit au fur et à mesure du temps passé dans cette résidence. Il a débuté par une rencontre avec le service médiation qui auparavant proposait déjà des ateliers de couture et dans cette même dynamique, mon projet s'est imposé comme une évidence. Avec cette idée : mixer affiches et rencontres particulières pour faire du graphisme social. Le but est de créer des affiches avec ces personnes, singulières qui ont connu des parcours difficiles. L’échange avec elles a été tellement enrichissant, que c’est cette envie de partage que je souhaitais transmettre.
Le projet a commencé par une intégration au cœur du service médiation de la ville. Je suis allé à la rencontre de ces personnalités si différentes afin d'entrer en dialogues autour de multiples cafés, de repas improvisés mais je me suis aussi déplacé en pleine ville à travers ses rues, les différents services municipaux et des bars. Le contact humain et la parole sont essentiels et premiers à mon travail.
Ensuite avec le groupe de personnes de l’atelier, nous avons fait plusieurs déambulations dans la ville à la recherche d'enseignes, de typographies avec des lettrages singuliers. Nous avons réalisé un reportage photographique afin de déterminer où chacun pourrait exposer et placarder ses affiches dans l'espace public. La question était de savoir : pour qui crée-t-on un message et pourquoi? Que peut-on écrire ? Et cette question fait découvrir l’ampleur et la réalité du métier de graphiste, elle me permet de revenir à l’essentiel de ce métier, et à l’implication réelle de mon action dans la ville.
Le projet en atelier, dans l'arrière cours du musée, commence par des créations d'affiches avec de l'adhésif, de la découpe, des dessins schématiques, en même temps je questionne les concepts derrière ces images qui surgissent. La thématique de chaque affiche se définit autour de l’expérience, du vécu de chacun, mais aussi de la ville. Plus le projet avance, plus la technique évolue, plus les affiches se précisent. Et le lien se renforce avec les personnes participant à cet atelier. Après un travail manuel, nous sommes passés par l'ordinateur puis à la sérigraphie. L’atelier devient un vrai moment de partage d'idées, de moment d'ouvertures qui permet à la créativité d’advenir et surtout pour les participants de sortir du quotidien répétitif. Il y a une valorisation de ces personnes par le travail accompli, ils peuvent produire dans une ville où ils sont mis à l'écart. Je suis là pour ouvrir des portes par mon statut de résident, je leur donne les clefs de Louviers pour montrer qu'ils sont vivants et bien présents.
Ces affiches sont une trace de mon passage à Louviers, elles résultent de mon aventure vécue ici lors de ces incroyables rencontres humaines. Cette envie de partage et d’échange, c’est aux habitants de Louviers de la regarder et de la poursuivre ».